Si la tendance à l’écoresponsabilité ne cesse de gagner du terrain ces dernières années, essentiellement pour des raisons environnementales, une autre tendance liée au bien-être s’affirme en parallèle : la biophilie.


Formé à partir de la racine grecque bio (la vie) et du suffixe -phile (qui aime), le terme biophilie désigne le fait d’aimer le vivant. Plus précisément, ce concept forgé par Edward O. Wilson en 1984 fait référence à la tendance inné des humains à vouloir entrer en relation avec d’autres formes de vie.


Directement dérivé de cette idée, le design biophilique désigne quant à lui une manière innovante d’organiser l’espace en y intégrant des éléments naturels. Il cherche à reconnecter l’homme à la nature, à sa nature profonde, dans les espaces de vie et de travail. Et, dans un monde moderne urbain et hyperconnecté, cette reconnexion devient urgente.

De l’urgence de se reconnecter à la nature

Déjà au XIXe siècle, lorsque l’espace public fut massivement urbanisé, les architectes avaient pensé à la santé et au bien-être des citadins : parcs et espaces verts ont été dès l’origine intégrés au béton des villes. Presque deux siècles plus tard, ces oasis de verdure ne suffisent plus à maintenir le lien des citadins avec la nature. Si quelques timides initiatives sont à signaler – hôpitaux« verts », jardins thérapeutiques –, l’urgence à végétaliser et à repenser les paysages urbains et les bureaux se fait sentir.

Il existe en effet une corrélation directe entre un conception intelligente de l’espace de travail et l’amélioration du bien-être – et de la performance – des employés. Jadis simple espace fonctionnel, le lieu de travail doit aujourd’hui répondre à d’autre attentes. Il est désormais un lieu de vie, de partage, de formation et d’échange.

La conception de l’espace doit être en accord avec l’évolution des habitudes de travail. Et au cours des dix dernières années, plusieurs études ont démontré l’impact positif du contact avec des éléments naturels sur les travailleurs. Le design biophilique pourrait donc avoir de beaux jours devant lui.

Mais quels en sont les principes exactement ?

Les 14 principes majeurs du design biophilique

Le design biophilique est une tendance dont l’action de situe au croisement de trois notions : l’architecture, la nature et la biologie humaine. Si cette discipline vient tout juste de naître, l’architecte d’intérieur Olivier Heath en a jeté les bases : 14 principes rassemblés dans trois groupes disctincts.

1) L’implémentation directe de la nature dans l’espace

C’est l’intégration physique, concrète, de la nature dans un espace. Il peut s’agir de végétaux, d’eau, d’animaux, de senteurs, de lumière… L’objectif est de créer des interactions multisensorielles.

• Créer un lien visuel avec la nature, avec un système vivant.

• Créer un lien invisible avec la nature, en jouant sur les stimulations auditives, olfactives, gustatives ou tactiles.

• Provoquer des stimulations sensorielles non rythmiques. C’est à dire, intégrer des éléments naturels non prévisibles, laissant ainsi de la place au hasard et à l’éphemère.

• Renouveler l’air, gérer le taux d’humidité et la température. En bref, prendre soin d’un microclimat.

• Intégrer l’élément eau, par l’installation de fontaines, par exemple. Le lieu est ainsi perçu via plusieurs sens.

• Recréer des conditions de luminosité dynamique, évoluant au cours de la journée. Il s’agit de respecter le cycle circadien de l’Homme.

• Maintenir un lien avec des systèmes naturels, des écosystèmes changeant au cours des saisons.

2) Les analogies naturelles

Les analogies servent à créer un lien indirect avec la nature. Un choix bien senti de couleurs, de formes et de matériaux dans la décoration et fournitures de bureau permettront de fortifier le lien avec la nature.

• Créer des références à la nature en intégrant dans l’environnement bâti des textures, des formes et des motifs biomorphiques.

• Créer un lien matériel avec la nature. Pierre, bois et tout autre matériau naturel présent dans l’environnement favorise ce lien.

• Recréer un environnement sensoriel naturel. En intégrant de la complexité et de l’ordre dans le décor, on joue sur les multiples informations sensorielles reçue par l’Homme dans la nature.

3) Le lien entre l’Homme et de spatialisation de la nature

Ce troisième groupe de principes du design biophilique cherche à jouer sur le caractère curieux, mystérieux et rassurant de la nature. La configuration spatiale du lieu de travail doit s’approcher des conditions de vie de l’Homme à l’état naturel, primal.

• Perspective. En disposant d’une vue dégagée depuis son poste de travail, on est en mesure de surveiller le cours de choses et de se préparer à une possible interruption.

• Refuge. La notion de protection est importante. La configuration spatiale doit permettre aux usagers de se retirer dans un environnement adéquat lorsqu’ils en ressentent le besoin.

• Mystère. En ayant partiellement vue sur des éléments naturels, on créé du mystère et un désir de découverte.

• Risque. Le lieu de travail doit être un lieu de sécurité.

Le design biophilique, concrètement, comment s’y prend-on ?

En intégrant la nature à notre environnement bâti, le design biophilique permet donc de stimuler l’inspiration et favorise le bien-être. Si tous les espaces ne se prêtent pas forcément au design biophilique, il y a toujours une marge d’amélioration possible. Et deux plantes dans un coin de l’open-space ne suffiront pas.

Il s’agit de repenser l’aménagement de l’espace de travail de manière holistique !

Quelques pistes ? Toits-potagers, murs végétaux, jardins comestibles, barrières végétales réduisant le bruit ou absorbant la pollution, installation de fontaines, diffuseurs d’huiles essentielles et de sons naturels, motifs biomorphiques incrustés dans le décor, espaces relaxation…

De manière générale, on pourra repenser l’organisation même de l’espace de façon à ce que les flux – humains, de lumière, d’air – soit fluides.

Et pour donner le goût du green à vos collaborateurs et employés, pourquoi ne pas leur proposer des ateliers/teambuilding autour du jardinage et de l’écoconstruction ? Il peut s’agir de prendre soin d’un potager collectif ou de participer un projet de végétalisation !

Le contact direct et manuel avec des éléments naturel, mais aussi le fait que ces projets se développent dans le temps, au fil des saisons, donne un sens réel et durable à cette reconnexion !

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