A l’heure d’un semi-retour à la normale, comment assurer sécurité des participants et promesse d’un évènement culturel réussi ? Le 6 mai 2021, suite à l’annonce de la reprise des événements culturels debout par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, certains organisateurs de festivals jugeant les protocoles trop contraignants ont jeté l’éponge : Eurockéennes, Solidays ou encore Hellfest n’auront pas lieu cette année. D’autres en revanche ont décidé de maintenir la programmation, revue à la baisse certes, en s’adaptant à la situation, à l’image des Vieilles Charrues, du Printemps de Bourges ou encore du festival Jazz à Vienne.

Quelles sont ces limitations ?

Le nombre d’abord. Si depuis le 1er juillet la tenue de concerts et festivals avec un public debout est autorisée avec une jauge réduite à 75 % en intérieur (100 % en extérieur), il est en revanche impossible de rassembler plus de 5 000 personnes (les grands festivals accueillaient entre 150 000 et 300 000 participants en 2019). A noter également que pour un événement réunissant plus de 1 000 spectateurs, le pass sanitaire – prouvant que l’on a soit été vacciné contre la Covid-19, que l’on est immunisé, ou que l’on a été testé négatif dans les 48h – est nécessaire pour tous les participants.

Si la venue d’artistes internationaux est, bien que possible, plutôt compromise, l’autre principal facteur limitant est évidemment la distanciation physique induite par la jauge de « 4 m2 par festivalier » debout (R. Bachelot) et par le port du masque, créant de fait une distanciation émotionnelle.

Quelles sont les attentes du public ?

Or c’est bien un rapprochement, un partage de l’émotion qu’acteurs et participants viennent chercher en se rendant à un festival ou à un concert. Une enquête de Nico Didry, maître de conférences, spécialiste en Stratégies Economiques du Sport et du Tourisme à l’Université de Grenoble, montre en effet que les « effervescences collectives » (concept emprunté au sociologue Durkheim), cette intensification émotionnelle induite par la foule, pourrait bien se trouver amoindrie par les restrictions sanitaires.
L’expression faciale, vectrice majeure de la contagion émotionnelle, tout comme l’expression vocale, sont limités par le port du masque. Également, la configuration assise d’un spectacle réduit drastiquement la mobilité des participants, interdisant la rencontre d’inconnus, pourtant recherché lors d’un festival.

Certes, l’expérience offerte par les concerts en 2021 n’est pas celle de 2019, mais elle demeure possible. Certaines formules tirent leur épingle du jeu de par leur mode de fonctionnement constitutif – concerts assis (Jazz à Vienne), venues d’artistes français ou plus locaux (Francofolies) – quand d’autres s’adaptent, ouvrant la voie à un futur possible, comme Les Vieilles Charrues qui a opté pour la multiplication des évènements plutôt que la tenue d’un seul : le festival breton a ainsi étalé sa programmation sur dix soirées musicales. Alors, en avant la musique !


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